Abattage de la cheminée d’Aramon – Témoignages

Inédit – Centrale de Production EDF Aramon

La grande dame haute de 250 mètres, n’a pas dit son dernier mot. Mercredi 7 juin 2023 à 10h30, l’abattage de la cheminée aux explosifs a tourné au scénario inédit, offrant un spectacle de stupeur aux anciens salariés et riverains venus lui rendre hommage. Cisaillée sur la moitié de sa hauteur, une partie s’est encastrée dans les travées souterraines, laissant à la vue de tous, une bouche béante de fer et de béton.

Les interventions de démolition vont se poursuivre. Cette opération technique est une étape importante du processus de réhabilitation des sols, avec comme objectif : « terrain nu à 2032 ».

Des centaines de personnes s’étaient rassemblées sur les collines avoisinantes, la digue, les rivages en face (un périmètre de sécurité de 415 mètres autour interdisait l’accès aux routes et la circulation fluviale).

De nombreux témoignages teintés de nostalgie ont resurgi.

Comme les salariés s’amusaient à le dire, ils ne pourront plus déclamer : « je suis allé peindre la girafe » en parlant de la cheminée d’Aramon. La patrouille de France ne dira plus non plus : « Si tu ne vois plus la cheminée d’Aramon reste à ta maison ». Ce mercredi 7 juin plusieurs témoignages teintés de nostalgie ont resurgi. Nous vous en livrons quelques-uns.

Patricia (Secrétaire) : « La centrale d’Aramon est un virage dans ma vie personnelle et professionnelle. J’y ai travaillé en 81 au pool secrétariat. Cette mission d’intérim m’a permis de rentrer chez EDF. Une nouvelle page s’est ouverte, un emploi, un logement, une visibilité sur ma vie. Je suis venue lui dire au revoir. »

Eric (Chaudronnier) : « Je suis prêt à pleurer ce matin et maintenant ça conforte mon idée, ce démantèlement est très amateur. »

Rémi (Chef de Quart) : « J’ai passé plus de 20 ans à la centrale d’Aramon, j’avais plaisir à y travailler. On bossait en équipe, parfois de nuit, on y a lié de belles amitiés. Il y avait une bonne ambiance entre les services, on pouvait discuter avec la direction. Je venais de Richemont qu’ils ont arrêté et détruite aussi, ça me fait beaucoup de peine. » 

Elie (Technicien d’Exploitation) : « J’y ai travaillé de 78 à 93. Pour moi elle n’aurait jamais dû être abattue. A Paris, ils vont s’en mordre les doigts. Maintenant c’est fait, c’est fait. »

Jean-François (Chef de projet) : « J’ai connu beaucoup de sites à travers la France et celui d’Aramon a changé ma vie au point que j’y ai posé mes valises. Grace à la renaissance de l’unité de production 1 (700 MW) et la rénovation de la 2, une nouvelle dynamique s’était créée sur le site, jusqu’à l’annonce de fermeture en 2016. Quelques projets auraient pu voir le jour, mais ils n’ont pas été retenus malheureusement, pourtant le site était plein d’atout. « 

Cédric (Chef de Quart) : « 14 ans passés sur Aramon, j’ai commencé comme Technicien instrumentistes, puis je me suis orienté vers la conduite, le poste de commande, expérience riche et formatrice. J’ai pleins de souvenirs, de temps passé sur place qui remontent à la surface. »

En s’effaçant du paysage Aramonais, la cheminée efface un peu plus l’histoire des hommes et des femmes qui ont contribué à l’essor du Thermique à flamme. Il reste les images et les écrits…

Aujourd’hui, tournés vers des énergies plus propres, les jeunes générations nous remercient de rendre à la terre son espace vierge.

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